
Nouvelle liste des métiers en tension : recentrage sur les secteurs clés de l’économie
Un arrêté du 21 mai 2025, publié au Journal officiel du 22 mai, vient actualiser la liste des métiers en tension permettant de faciliter l’embauche et la régularisation des travailleurs étrangers. Cette mise à jour était attendue depuis plusieurs mois, dans un contexte de débats ministériels et d’instabilité gouvernementale.
Depuis la loi du 26 janvier 2024, cette liste doit être revue au moins une fois par an (C. étrangers art. L 414-13). Sa mise à jour prend une importance particulière car elle conditionne désormais l’accès à une régularisation exceptionnelle par le travail, valable jusqu’au 31 décembre 2026, pour les personnes exerçant dans ces métiers (circulaire FRS 4/25 inf. 13).
Une portée juridique et administrative importante
L'inscription d’un métier sur cette liste présente un intérêt double. Elle permet l’octroi d’une autorisation de travail sans opposabilité de la situation de l’emploi (C. trav. art. R 5221-20, 1°), évitant ainsi le délai de carence imposé en cas de non-tension sur le marché. Cette évolution facilite le traitement administratif des demandes d’embauche ou de régularisation.
Une liste encadrée mais peu élargie
L’arrêté du 21 mai 2025 abroge l’ancien arrêté du 1er avril 2021. Il comprend deux annexes :
- L’annexe I identifie les familles professionnelles en tension par région, selon la nomenclature FAP.
- L’annexe II établit une correspondance entre ces familles et les codes Rome, utilisés comme base de référence par les préfectures et plateformes de main-d’œuvre étrangère.
En pratique, cette nouvelle liste n’apporte qu’une évolution limitée. En moyenne, 32 métiers par région y figurent, avec des disparités notables : 23 métiers en Bretagne, 41 en Île-de-France, où figurent notamment de nombreux postes qualifiés (ingénieurs, techniciens). À l'inverse, certaines régions restent sous-représentées.
Un recentrage assumé sur les secteurs en forte dépendance étrangère
La liste cible principalement les secteurs déjà identifiés comme dépendants des travailleurs étrangers : construction, agriculture, santé, aide à la personne, logistique, hôtellerie-restauration. Le critère de tension de recrutement a été croisé avec celui de la présence significative de travailleurs étrangers pour élaborer les sélections régionales, selon le ministère du Travail.
En dépit des attentes exprimées lors des concertations régionales, le plafond de 40 métiers par région a été maintenu, limitant l’élargissement de la liste. De ce fait, la version finale reste proche du projet initial qui avait suscité la déception des partenaires sociaux début 2025.
Cette actualisation, bien que modeste, redéfinit le cadre juridique de la politique migratoire par le travail et appelle à une vigilance accrue quant à ses effets pratiques sur les filières concernées.